Madjiyara Ngar Alkoa, coordonnateur de l’ONG ARED (Association pour la Réinsertion des Enfants et la Défense des Droits de l’Homme), a pris la parole ce samedi à Koumra pour dénoncer les menaces proférées contre lui par le Mbang de Begué, une autorité traditionnelle, suite aux actions de son organisation contre les pratiques d’excision.
Lors de la conférence de presse, Madjiyara Ngar Alkoa a expliqué que ces menaces de mort font suite aux arrestations, le 12 septembre dernier, d’individus impliqués dans des pratiques d’excision. Il a souligné que l’ARED, en partenariat avec SWISSAID et d’autres organisations, travaille depuis cinq ans pour sensibiliser sur les dangers de l’excision et promouvoir une alternative sous forme d’initiation féminine sans mutilation.
En citant les textes de droit internationaux et tchadiens, il a rappelé que l’excision constitue une grave violation des droits humains et demeure illégale. En 2023, une recrudescence de l’excision a été observée dans la région, avec plus de 6 213 cas recensés, dont 3 306 dans la ville de Koumra.
L’ARED et ses partenaires, à travers enquêtes et sensibilisation, ont constaté 9 725 cas d’excision, 28 hémorragies, 17 cas d’excision de femmes enceintes, 8 avortements, et 4 décès. L’ONG déplore que malgré les engagements pris par les autorités traditionnelles depuis 2016 pour abandonner ces pratiques, certains chefs, dont le Mbang de Begué, continuent d’opposer résistance.
Madjiyara Ngar Alkoa a averti que si des représailles devaient se produire à son encontre, le Mbang de Begué en serait tenu responsable. Il a insisté sur le fait que l’ARED n’a jamais demandé l’éradication de la coutume, mais sa réforme pour se conformer aux lois actuelles. Par ailleurs, il a exprimé des inquiétudes concernant l’interdiction de l’initiation masculine et a exhorté les autorités à protéger les terres pour éviter que certains villages ne disparaissent à cause de l’accaparement foncier.
le Ndoungar