C’est le dernier-né des parcs nationaux tchadiens. Géré par l’ONG française Noé Conservation, Zah Soo, situé dans la province du Mayo Kebbi Ouest, vient de fêter son 2ème anniversaire. Le travail de ses équipes anti-braconnages porte déjà ses fruits, malgré le manque de moyens.
Un îlot de biodiversité au Tchad
Le Parc National de Zah Soo, 4ème Parc National du Tchad, d’une superficie de 815 km², est le fruit de la conservation de la zone cœur encore intacte de la Réserve de Faune de Binder-Léré. Située au sud-ouest du Tchad, dans un gradient d’écosystèmes uniques de milieux soudano-sahéliens, cette mosaïque de savanes, de forêts galeries, de rivières et de zones humides du Mayo Kebbi fait de cette aire protégée l’une des plus diversifiées du pays. Le Parc accueille de nombreuses espèces emblématiques dont notamment la 3ème population d’éléphants de savane du Tchad.
Les défis à relever
Autrefois peuplé d’une faune abondante, ce territoire de nature, qui est classé en Réserve de Faune depuis 1974, a vu ses populations diminuer drastiquement, et des espèces telles que le lion et le rhinocéros noir disparaître sous la forte pression du braconnage. Face à cette situation, le Ministère de l’Environnement, de la Pêche et du Développement Durable du Tchad, l’ONG française Noé Conservation et les acteurs locaux dont les populations locales, ont décidé de renforcer le statut de protection du cœur de la Réserve de Faune de Binder-Léré en Parc National, dans un projet de territoire partenarial, consacré par la signature d’une loi le 15 mars 2022.
« La création de ce nouveau Parc National pour le Tchad, et sa protection effective, sont un formidable message d’espoir pour la sauvegarde du patrimoine naturel du Tchad, les communautés locales riveraines qui vont bénéficier de ce projet de territoire, et les générations futures », rappelait Arnaud Greth, président de l’ONG Noé, en avril 2022.
Une collaboration historique au bénéfice de la biodiversité
Le 26 juillet 2021, un accord de partenariat a été signé entre le Ministre de l’Environnement, du Tchad, Mahamat Ahmat Lazina, et le Président de Noé, Arnaud Greth, pour confier à Noé la gestion du Parc National de Zah Soo pour une durée de 15 ans. Cette collaboration unique devait permettre de relever les défis de gestion qui consistent à aménager l’aire protégée, soutenir le développement des communautés locales en périphérie du parc, sauvegarder les espèces menacées à travers une meilleure protection, et développer à terme son attractivité touristique.
« Des projets générateurs de revenus et respectueux de la nature seront développés avec et au profit des communautés villageoises vivant en périphérie du Parc National, qui bénéficieront aussi de la création d’emplois locaux », rappelait à l’époque de la création du Parc Edouard Boulanodji, Directeur pays Tchad au sein de l’ONG.Un travail rendu possible grâce au soutien de l’Agence française de développement
La création du Parc National de Zah Soo a été possible grâce au soutien de l’Agence Française de Développement (AFD) qui, avec l’Union Européenne (UE), sont les principaux partenaires financiers de Noé pour assurer sa viabilité à long terme.Des résultats déjà visibles en termes de lutte anti-braconnage
Malgré le manque de moyens, et notamment d’armes, le travail des équipes anti-braconnage du Parc porte déjà ses fruits, 2 ans après sa création : preuve en est de la présence renouvelée d’éléphanteaux, très bon signe puisque l’espèce ne se reproduit que lorsqu’elle se sent en sécurité. « Le résultat est là, quand on voit les éléphants à 20-30 mètres de nous, c’est une fierté quand même », vantait Lambert Wogue, directeur adjoint du Parc, au micro de RFI ce 23 juillet. L’éléphant est l’emblème de Zah Soo, créé suite au massacre de près de 120 éléphants par des braconniers dans les années 2010.